Le bonheur est en nous, quelles que soient les malédictions de ce monde. Avez-vous remarqué la joie de vivre de certaines populations économiquement défavorisées ? Il ne tient qu’à nous de rendre la vie belle, pour nous et pour les autres. Le bonheur est un combat, un combat d’ouverture, de reddition et de don à l’autre, un combat d'équilibre et de respect. A chacun d’y trouver ses choix et ses chemins.
A travers ma peinture, je cherche à transmettre un message humaniste de douleur et d'espoir, d'absurde et de bonheur. Un message aussi de joie, de richesse, de refus de la peur face à l’infinie complexité, au chaos de ce monde. Ce message très simple, j'aimerais le concrétiser sous une forme accessible à tous. Mais cela s'avère en même temps très complexe et lie ma recherche à la vie dans toute sa difficulté et son mystère. A vouloir dire plus, j’ai souvent peur de ne plus rien dire du tout.
Comment se situer par rapport à l'art, éviter le snobisme et le commercial, parler à tous ? Comment situer ma peinture impressionisto-abstracto-réalisto-surréalisto-symboliste ? Peu m’importe. Après avoir été très tourmentée par ces questions, j’'ai tendance à m'en détacher complètement. Ce qui ne m’empêche pas d’approcher, de comprendre et d’aimer de très nombreuses manifestations de l’art le plus contemporain.
Un problème me préoccupe aujourd'hui : l'instant crucial, sans cesse renouvelé, sans cesse remis en cause, où un coup de pinceau cesse parfois d'être uniquement un objet de la construction abstraite et de l'ambiance symboliste de la toile pour se faire eau, ou nuage, ou feuille, ... et où tout bascule soit dans la facilité, la mièvrerie, soit dans le mystère. Un combat déconcertant, inquiétant, une hésitation perpétuelle à la frontière de l'abstrait.
Peindre est indispensable à mon équilibre, à ma survie. J'ignore pourquoi. Alors, si je dois peindre, autant le faire de mon mieux, sans plus trop réfléchir, et tenter de traduire, sous des formes diverses, de l’abstrait au réalisme selon mon humeur, mes émerveillements, mes joies, mes angoisses et mes doutes. Quand je peins, je pars de mon mal-être et je m'achemine vers le sourire et, souvent, il finit par jaillir de la toile elle-même. Et si un seul être humain, en regardant une de mes toiles, suit le même parcours vers l’accueil de la vie, je n’aurai pas perdu mon temps.