Ferme Holleken Hoeve à Linkebeek - Février 2011 - Peintures, sculptures et "poétures"
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Mais j’ai honte. Honte de ce qui se fait en mon nom, pour protéger mon petit confort. Honte de lire dans les journaux : plus de mille morts en Libye, ah la la, le pétrole va encore monter. Les mercenaires sont armés d’armes wallonnes, mais attention, protégeons notre emploi. Honte quand je regarde la forteresse Europe qui s’appuyait sur des tyrans pour garder ses frontières.
Honte comme le jour ou j’ai découvert, à la lisière de la jolie marina de Puerto la Cruz, les barbelés et les soldats en arme qui me protégeaient de la plage populaire et du quartier voisin.

Pour ceux qui ne le savent pas, il y a trois ans, presque jour pour jour, Aude, ma fille, est morte d’un cancer. Pure malchance ? Ou effet de ce qu’elle combattait de toute son extraordinaire énergie, la manière dont nous empoisonnons notre planète si belle ? Aude, malgré sa vie trop courte, m’a laissé une leçon, une leçon qu’on ne peut oublier : l’essentiel est de vivre chaque jour conformément à ses idées. J’espère un jour y parvenir.

Dans mon petit confort éclaté soudain en mille morceau, dans mon désert noir, la honte s’est mise à crier plus fort encore. La seule force que je pouvais encore exprimer, était ce feu d’indignation. Mes sculptures sur les déracinés et les toiles de la série : au delà de la ligne jaune votre ticket, pardon passeport, pardon existence n’est plus valable sont issues de cette honte.

Mais dans cette honte même il y avait aussi l’admiration pour ces hommes et ces femmes et ces enfants qui ne se sont pas inclinés, qui ont eu le courage de tout risquer pour refuser la fatalité, pour tenter ailleurs de construire autre chose. Ces rouges représentent la honte, mais aussi le feu de la force et celui de l’espoir.
Présentation poétures

Vautrés dans nos fauteuils mœlleux, bouffés par nos écrans, écrasés sur nos chaises à colmater nos nerfs, à en perdre les jambes, les doigts vissés à nos souris mangeuses de temps et de tendons, le cerveau grignoté d’images alléchantes et de noms imbéciles, nous sommes possédés par les choses que nous pensons avoir.

Regardez-nous, ligotés dans notre fièvre acheteuse artificiellement entretenue avec une sagacité croissante, dans nos rêves à vendre et nos malaises obscurs niés par le manque de temps, dans notre peur de perdre un atome de tout ce dont nous n’avons, en fait, aucun besoin, ni même peut être aucun vrai désir …

Nous sommes ligotés et aveugles au point de ne pas voir ceux qui n’ont rien, ceux qui ont tout perdu, surtout ceux qu ‘ils aimaient, ceux qui errent dans nos rues, solitaire et gelés...
Avares de notre temps si vain au point de leur refuser même l’aumône d’un regard. Avares de notre vie morose aux rêves formatés au point d’avoir perdu le bonheur du partage et la force de s’indigner.

Mais au delà des mer des jeunes se sont levés et de leurs voix unies ont réveillé l’espoir. Celui d’un homme debout.

Qu’adviendra-t-il de tout cela ? Je ne suis pas devin, et nul ne peut savoir.

Je suis faible aussi, et je profite de la chance qui m’a été donnée de naître du bon côté des barbelés, le côté de ceux qui tiennent le fusil. De ceux qui tiennent les rênes et sont complices du pillage.