Le temps s’est aboli
Mon regard fatigué monte de vague en vague
Glisse
Tourne et repart
Jusqu’au soleil troublé
De sombres et vaporeux duels

Au loin des menaces d’écume
Accrochent des fils d’or
Angoisse et plénitude

Mes yeux glissent de vague en vague
De creux en bosse
Sillage
Mon chemin de patience
Creuse de mousse grise
Le glissement sombre et feulant
Qui sans cesse recule
Bonheur qui s’enfle et se dégonfle
Douleur
Douleur de vivre.

Rythme du vent
Du bois qui craque et sonne

L’onde tire mon bras
Voûte mon corps
Je suis cet animal étrange
Ce monstre frémissant de toiles
Tendues d’acier, raidies de fils
Ventre blanc de polyester
Qui rompt les eaux et les referme
Interminablement

Je vis
Je vis de chair et de pensée
De tout mon être universel
Ouvert
Et infini
Lutte et tensions
Et cohérence
Et finitude


Au bout du bout de ce voyage,
Bien après mon retour
Au pays gris,
Un sourire s’est éteint

Smiling Pipe
Frère parmi les frères
De la vague et du vent,
Je n’ai connu que ton sourire
Ta célèbre bouffarde
Et ton regard lavé de mer
Tellement plein d’humanitude

Smiling Pipe
Les flots bleus de la Caraïbe
Transparences turquoise et fond de sable blanc
Ont orné de mille couleurs
Poissons, coraux
Et résille dorée du soleil
Qui tisse et tisse à l’infini
Ses filets de lumière
Les flots bleus de la Caraïbe
Ont orné de mille couleurs
Ce qui fut ton dernier sourire